La forêt pousse toute seule

C’est vrai les arbres poussent tout seuls, et n’ont pas attendu l’homme pour le faire.
Et le premier homme qui a constaté que sur la souche de l’arbre coupé l’année dernière apparaissaient des rejets a dû être très surpris. Certes il lui faudra attendre une dizaine d’années – au plus court – avant de pouvoir récolter à nouveau.

Les rapports entre l’homme et la forêt génèrent des conflits : l’homme a besoin des produits de la forêt – mais il a besoin, par ailleurs, de terres agricoles, gagnées sur la forêt.
Pour obtenir ces produits la simple cueillette ne peut suffire, il devient nécessaire de conduire la forêt pour que production et pérennité soient assurées – on parle maintenant de « gestion durable ».

L’observation de la vitalité des souches, sur lesquelles apparaissent des rejets conduit alors à privilégier ce mode de conduite de la forêt, le taillis. On divise la forêt en quinze ou vingt parcelles, on exploite les parcelles les unes après les autres : on coupe et quinze ou vingt ans plus tard on peut à nouveau couper cette première parcelle. Le taillis va fournir un produit indispensable dans nos contrées, du bois de chauffage.
Toutes les essences forestières n’ont pas les mêmes capacités à rejeter. Le Chêne, le Chataignier, le Bouleau, le Charme, le Tilleul, l’Eucalyptus, font cela très bien. Le Hêtre a plus de difficulté. Les résineux, sauf exception, sont inaptes à ce mode de reproduction.
Un inconvénient : les produits sont de petit diamètre, et la construction nécessite des formats plus conséquents.
Nouvelle évolution : le taillis sous futaie. L’homme observe que dans le taillis, après l’exploitation, poussent des individus hors de la souche, arrivés dans le peuplement grâce à la germination d’une graine, et à la mise en lumière provoquée par l’exploitation. On laissera pousser cet individu, on le protègera et dans cent ans, voire plus, le développement atteint permettra d’obtenir des pièces de bois d’un format plus considérable, pendant que le taillis en sous-étage, produira tous les 15/20 ans le bois de feu.
Nous avons là une première étape de la constitution d’une technique sylvicole. L’intervention de l’homme est présente dans la gestion de la forêt.

Les temps ayant apporté des évolutions importantes, en source d’énergie (le charbon, le pétrole, l’électricité), en matériels industriels (les scieries), la demande en produits ayant évolué, l’homme réfléchit à une nouvelle gestion de la forêt, qui apportera plus de gros produits. Ainsi arrivons-nous à la gestion en futaie régulière, à savoir un mode de vie totalement artificiel pour les arbres.

Le peuplement acquis grâce à des graines passera par plusieurs étapes : depuis la brosse de semis jusqu’à la coupe finale, une révolution. Les derniers arbres seront exploités lorsque la nouvelle brosse de semis sera formée.

Sommet des arbres

Pour assurer le bon développement des arbres il convient de leur assurer un espace vital ; l’arbre a besoin de lumière, d’eau, d’un sol exploré par ses racines, et donc au cours de la révolution, le forestier pratiquera des éclaircies. Sinon ce ne sont pas des arbres qui formeront cette forêt mais des individus maigrichons, des crayons posés debout sur la table…
La brosse de semis, ce sont près de 10 000 pieds à l’hectare, à l’exploitation finale d’une chênaie à 200 ans il n’y en aura plus que 150 par hectare. Certains individus n’auront pas résisté à la concurrence vitale, d’autres seront éliminés progressivement par le forestier.
Bien des peuplements actuels sont issus de plantations et de semis artificiels.

Auteur : Marie-Jeanne Lionnet