Non au projet de décret menaçant le statut des forêts de protection

L’Association des Amis des forêts de Versailles et Fausses-Reposes (AAFVFR) s’oppose au projet de décret NOR : AGRT 1701758D présenté récemment par le ministère de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt et qui devrait entrer en application le 1er mars 2017. Ledit décret « ouvre la possibilité de réaliser des travaux de fouille archéologique, ainsi que de recherche ou d’exploitation souterraine des substances minérales d’intérêt national ou régional dans les forêts de protection, ou de tous autres travaux, sous réserve du respect des dispositions de l’article L.141-2 du code forestier. » En ce qui concerne la possibilité de fouille archéologique, de recherche ou d’exploitation des substances minérales, il va sans dire que les massifs forestiers de l’Ouest parisien sont concernés compte tenu de leur passé ancien et récent.

Il semblerait que l’argumentaire des défenseurs de ce projet soit de rogner sur une partie des critères de protection pour pouvoir classer des massifs « exploités » qui ne sont pas encore classés. Cela aurait évidemment pour conséquence de lever une partie de la protection des massifs déjà classés et de limiter par corrélation toutes lesdites protections. Si le projet de décret stipule que les travaux pouvant être autorisés ne doivent pas modifier « fondamentalement la destination forestière des terrains », il n’est pas besoin d’être grand clerc pour prévoir la nature et l’ampleur de telles interventions et d’envisager les conséquences irrémédiables sur nos forêts périurbaines Notre association n’accepte pas que le statut de protection soit détricoté… d’autant plus que, pour ce qui est du local, les forêts de Versailles et Fausses-Reposes ont servi de carrières à pierre meulière pendant près d’un siècle et qu’aujourd’hui 1 mètre carré de parement en pierre meulière coûte environ 2000 euros, ce qui pourrait susciter bien des convoitises.

Comme déjà indiqué par ailleurs, l’AAFVFR estime que toutes les forêts publiques franciliennes devraient bénéficier du statut de protection en raison des fonctions multiples qu’elles assument. Pour mémoire, les forêts domaniales d’Ile-de-France couvrent 72 500 ha (6 % de la surface de la région) et regroupent 50 massifs prestigieux chargés d’histoire. Elles accueillent 80 millions de visiteurs par an et sont le « véritable poumon » de 13 millions de Franciliens. Leur protection est donc plus que jamais nécessaire et, si elles doivent être exploitées, l’exploitation ne doit être que forestière dans le cadre de schémas d’aménagement assurant la pérennité de ces aires naturelles.