Le général Pershing décore en forestier français en 1919
Les armées américaines sont entrées en guerre en 1917, et l’AEF (american expeditionary forces) n’a pas recruté que des militaires. mais aussi des forestiers. Il s’agissait pour ces professionnels de fournir le bois nécessaire tant pour la vie quotidienne, que pour les nécessités des installations : tranchées et autres équipements.
Ces forestiers étaient placés sous l’autorité du Lieutenant-Colonel Greeley. William Greeley (troisième promotion de l’école forestière de Yale) dans son métier de forestier, après la guerre a conservé son titre de Colonel. Il aura comme adjoint Theodor Woolsey. Ce forestier a fait partie de la première promotion formée à l’école forestière américaine, à Yale, dont la création, en 1900, est due à Gifford Pinchot, lui-même formé à Nancy (1889-1890). Woolsey voyagera à plusieurs reprises en Europe – « le grand tour » -, avant la guerre. Il était donc tout à fait la bonne personne pour assurer cette responsabilité. Son rôle : négocier les achats de bois pour fournir le nécessaire aux troupes.
Quelques forestiers français sont mis à la disposition des américains pour les aider dans leurs recherches. Bien sûr il y aura des « frottements ». En effet les américains raisonnaient encore en économie de cueillette, du type coupe rase et on va plus loin. Ils se sont confrontés à des forestiers français soucieux du devenir des forêts, penser en gestion durable, et ne pouvant pas accepter la coupe de type bull-dozer.
Les forestiers américains repartent aux Etats-Unis en janvier 1919
Woolsey en parle dans ses mémoires, évoquant son impatience devant l’attitude des français, mais comprenant après coup leurs méthodes de travail, couper mais préserver l’avenir de la forêt.
Le Service forestier aux armées avait deux missions : assurer l’approvisionnement en bois des armées, et ravitailler les français. C’est ce service qui a été le correspondant des différents corps expéditionnaires venus en France : anglais, canadiens, et donc américains. Il fallait organiser la localisation des exploitations, la circulation des bois.
Les forestiers français, correspondants des américains, étaient placés, eux, sous l’autorité de Louis Badré, lequel recevra la Distinguished service medal en 1919 pour la qualité de son travail.
Grand Quartier Général des forces expéditionnaires américaines – Bureau du Général Commandant en Chef.-18 mars 1919
Mon cher Commandant,
Le Président m’a chargé de vous conférer la Distinguished Service Medal au nom du Gouvernement des Etats-Unis : « En votre qualité d’officier forestier attaché à la Mission militaire française près le G.Q.G. des forces expéditionnaires américaines, vous nous avez été d’un secours inappréciable en nous assurant les grandes étendues de forêts requises pour les opérations américaines de mise en œuvre et de sciage des bois dans la zone des armées. Vous avez déployé une vive compréhension des besoins et des méthodes américaines, et, par votre connaissance approfondie des ressources forestières françaises, vous nous avez puissamment aidés dans notre travail. Je suis heureux d’avoir pu vous remettre personnellement cette médaille. Croyez-moi, Commandant, votre bien sincère .
John Pershing
Nota : ce document m’a été remis par le petit-fils de Louis Badré ; nous connaissons bien Denis Badré, jusqu’il y a peu de temps maire de Ville d’Avray. MJL
Et pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur cette période difficile de la guerre et de son impact sur les forêts, je conseille l’ouvrage suivant : AMAT (Jean-Paul) .- Les Forêts de la Grande Guerre : histoire, mémoire, patrimoine.- Paris : Presses Universitaires de Paris-Sorbonne, 2015.- 548 p.
Article rédigé par Marie-Jeanne Lionnet